Europia  
Editions / Publishing | Colloques / Conferences | Livres / Books | Galerie / Gallery | Revues / Journals | Culture | Contact 
Galerie / Gallery  | Exposition / Exhibition | Critique / Critics | Biographie / Biography | Carton d'Iinvitation / Invitation cardDiaporama du VernissagePlan d'accès / Access map

eia

Alla RUSU

Gérard XURIGUERA
Historien d'art

Plus qu'un compromis entre le traitement des apparences et l'abstraction, la peinture d'Alla RUSU avoue le plus souvent ses sources. Néanmoins, elle ne se borne pas à la stricte interprétation du visible, car elle n'établit pas de frontières entre les deux genres si longtemps opposés. Ce qu'elle nous restitue, avec une souple délicatesse de la touche et un esprit constructif sous-jacent, ce sont les impressions dominantes de ses thèmes de prédilection, cet accord intime, noué simultanément avec le monde extérieur et son monde à elle, et en surplomb, le passage du réel, davantage que le réel. Maintenant, si l'on devait absolument spécifier son approche, on la rangerait volontiers dans cet espace intermédiaire où les contraires ne se contredisent plus.
D'origine moldave, aujourd'hui parfaitement adaptée à sa terre d'accueil parisienne, Alla RUSU a fortifié ses acquis, dans la capitale française, par ses échanges visuels avec la diversité émergente de l'art de son époque. Elle a fait son profit de ses expériences, juste le temps de les oublier, et a su élaguer ses surfaces, simplifier son lexique de formes, dans une heureuse synthèse. Cependant, jamais elle ne se dérobe véritablement à l'emprise du référent, même lorsqu'il devient un prétexte, et se dilue dans l'écheveau de ses infrastructures compartimentées.
Nous avons là une expression nerveuse et contrôlée, aux perspectives tantôt frontales, tantôt évasées, conçue patiemment touche par touche, en demi-tons parfois violés, où tout frémit d'une affectivité inquiète et continue. Et cette expression coulée plus que tranchante, attachée aux moindres ressacs de la main, nous immisce dans un univers de sensations diffuses, soutenu par une luminosité étale, où l'émotion est au diapason de l 'énergie cristallisée de l'ensemble.
Abordant les thèmes, on constate aussitôt une cohérence entre intention .et réalisation. Dans un premier volet, une porte voûtée s'ouvre en profondeur sur le site urbain une passerelle ondoyante, levée dans une obscurité menaçante juste un étrange édifice inachevé; des échafaudages morcelés, s'érigent au gré de rythmes linéaires subtilement emmêlés; pendant que des fenêtres insolites s'inscrivent sur la clarté d'un mur, ou qu'un paysage crayeux est couronné par une colline boisée. ....
Quoi qu'il en soit, une évidente complémentarité manifeste ces images feutrées et contrastées, où ne se fait jour aucun dramatisme, mais un plaisir de créer jumelé à une sobre distribution des valeurs et à une constante maîtrise des moyens. Lyrique et tempérée, libre et réfléchie, la peinture d'Alla RUSU distille un chant rare et secret.

Mars l999, Paris

***

Théodore REDLOW
Critique et historien de l'art

Les compositions d'une ampleur peu commune du jeune artiste Alla Rusu, accomplies sans toutefois, perdre de leur spontanéité nous montrent ce que signifie être peintre, sentir comme un peintre et penser comme un peintre. Il m'est rarement arrivé de me trouver devant des élaboration picturales si avancées, si approfondies qui laissent, tout de même l'impression d'une oeuvre faite d'une seule haleine, qui se montre un tout vivant, un organisme complet et sain, né d'un coup et non par la laborieuse addition de parties, un élément ajouté à un autre par des étapes qui s'ensuivent.
On constate la même élaboration approfondie dans la manière de traiter la matière picturale qui mène à une expression de plénitude dans chaque segment de la toile à laquelle elle confère une sorte de saturation qui - paradoxalement reste toujours une transparence. La pâte charge abondamment la surface, mais le geste du peintre se lit partout, léger et agile, comme un tourbillon de touches qui anime le tout. L'espace, l'atmosphère, y compris les corps tendent à se confondre dans une dispersion d'irisations colorées, dans des modulations, aussi diverses dans détail qu'elles sont cohérentes comme effet d'ensemble. On dirait que ni l'espace ni le corps inclus ne paraissent être complètement constitués dans leurs qualités de conteneur et de contenu, mais sont plutôt en quête de trouver leur forme optim et en train de se configurer sous nos yeux.
Alla Rusu finit ses compositions jusqu'au point ou elle s'y retrouve et se confond spirituellement avec elles et en elles, mais chaque fois l'achèvement se veut la protection d'une ouverture. Le monde, tel qu'elle le voit on l'imagine, amélioré, est en état de croissance, d'évolution. Pas seulement les thèmes choisis, mais aussi le climat spirituel de cette peinture impose au commentateur un mot majeur: Liberté. Le climat pictural crée par Alla Rusu unit l'emphase visuelle à l'exaltation de l'expérience vécue, ainsi les harmonies qu'elle obtient ne sont pas seulement des accord dans la sphère de la pure visualité mais aussi des formules concertantes pour des extériorisations affectives d'une intensité extrême. En somme toute un expressionnisme solaire, un romantisme jubilant.

Bucarest, 1993
Traduction du roumain

***

Professor Mikhail GERMAN
The Russian Museum, Saint-Petersbourg

Alla Rusu: Shimmering Worlds
Youth in Chisinau, then Tallinn, Bucharest, Paris: Alla Rusu and her art were coming of age in a new world - no longer a green-house world, but a free one. Her gift, which nature blended with temperament and valiancy, was destined to break through to freedom—here the qualities of an artist coincided with the time and an appropriate milieu. In 1987 she was admitted to the Tallinn Academy of Arts; even back in the totalitarian times Estonia preserved a relative “freedom of mind”, while in the period of advancing radical changes the pressure of official Soviet esthetics could be hardly felt. As early as 1994 she showed four personal exhibitions in France.
The diverse but also solid schooling that Alla Rusu went through furthered her precision of choice and independent search. In her improvisations there is architectonics, in the seeming ease there is a culture of painting technique, an understanding of the surface of the canvas and the possibilities it offers. In her impetuous, spontaneous painterly fantasies only a very experienced eye can discern a rooting in the culture of times past. The known thought of Eugenio d’Ors y Rovira—“Everything that doesn’t have a tradition becomes plagiarism”—reminds us that when there are no roots, the result is either a hoax or a covert imitation. Rusu leans on the classics, thus gaining freedom and a possibility of dialogue.
If we are to base our judgment on the traditional criteria of the genre, then Rusu is primarily an artist-urbanist: her themes are the city, associative images, rhythms, color harmonies. As any true artist, she is undoubtedly not a worshipper of a single genre, but her art always and unfailingly lives in the emotional and plastic space of the city, whether it is a portrait, a still life, or a scene of daily life.
One can now seldom meet an artist in whose work - as in Alla Rusu’s - a classical background is synthesized with a keen and accurate sense of contemporariness. Moreover, it is a contemporariness which is understood not as a sum of modern and trendy techniques, not as a passpartout to the current trendy mainstream, but rather as an ability to resonate with the codes of the day, preserving one’s own exclusive inflection. An inflection both of content and expression.
The most common trap on the way of young and ambitious artists has become secondariness. Especially if they are not at all concerned with the side of art dealing with content. When an artist has something to say, she is able to subdue to herself with more ease not only the plastic means in general, but also everything that she consciously or unawares borrows from the existing iconosphere.
How can one ever paint Venice, illuminated by the paintings of Gianbellino and Tintoretto, so many times depicted by Canaletto, the Venice which acquired a different, ferocious life due to Fellini, Hemingway, Mann? The Venice that, if we are to believe Robert Browning, “spent what Venice earned”. To do this, I believe, at least three conditions must be met. Talent, school, respect for tradition - and the valor to shake it off at the right time.
The substance of painting, an individual style, a particular way of touching the canvas—in Rusu’s case all these are both recognizable and individual, and - no less importantly - they have not become a rigid system. Spontaneity is the fruit of calculation, or at least of experience combined with professionalism and courage; she is afraid of neither becoming different, nor being only herself.
Rusu’s artistic world is vast; her perception of life and art includes an audacious experiment, as well as a deep culture that is perpetually being polished. She is recognizable and always new.
A grateful and engaged viewer extracts from Alla Rusu’s art a confidence in the fact that true quality and true individuality are still valid synonyms of artistic dignity.
Her painting stands as uncontestable witness to a happy strife for novelty gained through endurance, for freedom from postmodernist cunning, for the acquisition not simply of the new, but of the fundamentally different. Her own.

Saint-Petersbourg, 2004
Translation Iulian ROBU

Alla RUSU
Artsite peintre
Exposition :
10 février- 1 mars, 2011
Vernissage :
15 février 2011 à partir de 18h00
Diaporama du Vernissage
Ouverture :
lundi à vendredi : 14h00-19h00
Adresse :
Europia,
15, av de Ségur, 75007 Paris
T. +331 45512607 / F; +331 45512632 / info@europia.org