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"L’œuvre est un univers fini et sans bord, c’est un espace ouvert. Les lignes et les couleurs se poursuivent au-delà du cadre dans l’invisible infini. Cette continuité temporelle et l’expansion spatiale donnent à l’œuvre son élan vital.

La liberté était toujours mon obsession existentielle, C’est elle qui actualise la valeur de l’être. C’est pourquoi elle constitue dans toutes ses représentations la base motrice de mon travail. C’est elle qui esquisse les lignes, allume les couleurs et exalte ma passion pour la lumière que l’on peut scruter, d’une manière ou d’une autre.

Je vous invite à vous baigner dans l’étincellement, à vous imprégner de l’écume de la lumière. Entrez donc, nus, libres de tout ce qui entrave la perception intuitive. Le secret de l’univers silencieux n’est dévoilé que par le cœur."

Sakher Farzat

presse

 

Un besoin inlassable et vital de liberté traverse la totalité de l’œuvre de Sakher Farzat, « La liberté a toujours été mon obsession existentielle, affirme-t-il, c’est elle qui actualise la valeur de l’être. C’est pourquoi elle constitue dans toutes ses représentations la base motrice de mon travail. C’est elle qui esquisse les lignes, allume les couleurs et exalte ma passion pour la lumière ».

Mystère des commencements. La première touche attaque le tableau. Le peintre entre en peinture. Nouveau combat avec la matière jusqu’à s’en faire une amie.

L’artiste connaît la force créatrice du Verbe, point d’accroche originelle. « Qu’il soit et il fut ». Dans son désir d’aller vers le silence, il se tait, et il peint. Le mot est sorti de la page. Sur la toile, une autre écriture, la peinture.

Volonté de simplifier, de s’approcher des origines. Carré. Triangle. Cercle. Il poursuit l’impossible rêve d’aller à l’essentiel jusqu’à retrouver le point avant la ligne.

Dans ses œuvres de maturité la répartition des couleurs et des lignes devient plus complexe, elle s'organise selon des diagonales et des obliques. Les lignes sont prises dans des éclatements de lumière et dans de larges réseaux noirs, les couleurs s'en libèrent jusqu'à les enserrer à leur tour. Formes lancéolées subtilement innervées. Figures éclatées suscitant l’émotion. Le maillage transforme la toile en vitrail.

Le peintre renonce à l'apparence naturaliste du nu. Non pas rendre les formes mais leurs lignes de force. Le corps-matrice semble être composé de prismes juxtaposés, superposés. Géométrie lyrique des rythmes et des couleurs, dans l’intention de faire valoir les aspects simultanés d'une figure dans l'espace. Sa peinture danse à travers les paysages et la rondeur des femmes. Elan.

Farzat possède une culture artistique approfondie. Il rejoint Bazaine dans sa recherche de la couleur, de la lumière, dans le traitement des transparences et dans son goût pour le vitrail. Il rejoint aussi Cézanne dans la figuration des volumes posés sur la surface. Comme tout artiste authentique, Farzat apprend à désapprendre. L’héritage reçu de ses aînés se transforme en source vive.

Sakher Farzat nous livre un œuvre achevé, construit, équilibré, d’une immense vitalité et d’une intensité puissante. « Je voudrais faire un tableau qui puisse être continué au-delà des limites de la toile », à l’image d’un monde ouvert et libre, confie-t-il. La vie en mouvement, ramassée sur chaque toile, circule, libre, incoercible, impérieuse, vertigineuse profondément imprégnée par la lumière et par les émotions.

Marié à la poétesse Aïcha Arnaout, il entretient une profonde complicité avec les mots, avec la poésie. A la fin de sa carrière il illustre les poètes, Abdellatif Laâbi, Adonis, Borges, Etel Adnan, Rilke et Aragon.

Annick Chantrel Leluc Mars 2011

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Requiem Visuel

Sakher Farzat a peint et dessiné cette dernière année la mort de trois membres de sa famille et la mort des illusions les plus élémentaires qui soient nécessaires à la vie d'un être humain. C’est pourquoi il appelle la série de ses tableaux un Requiem.

Il avait débuté jadis avec clairons et totems, pour entrer maintenant dans la tristesse la plus inéluctable. Cette tristesse, qui devient une sorte d'horizon bouché, passe comme plumes et nuages au-dessus de l'espace intérieur de la plupart de ses peintures. Comme la Syrie elle-même, dont il est originaire et dans laquelle son oeuvre est enracinée, Sakher Farzat traverse des zones de mort et la dialectique de l'angoisse absolue.

Ses titres, quand il y en a, sont directs : "Enfant mort dans le Golan", " En attendant l'oiseau du tonnerre"… Il jette ici et là des corps déchirés sur une lumière artificielle.

Son vocabulaire est le carré et le cercle, le carré chez lui, est le magasin d'images, la boîte à souvenirs, et que le cercle, fidèle à l'slam, est le feu du mouvement et le parcours du mystique.

Parfois le cercle devient aussi, dans une autre lecture, le pur miroir d'une pensée interdite, un tremblement arrêté, un ciel inhabité.

Ou, encore, il devient visage, visage syrien d'enfant ou de paysanne, enfant mort et mère vivante, donc la vie, qui lutte contre la mort avant de sombrer dans la tonalité obscure du tableau.

Certains tableaux atteignent la froideur du vitrail, d'autre révèvlent un emboîtage savant (qui, à un niveau subtil, est très proche de la démarche, nourrie de prémonition, qui est celle de Louise Nevelson). Par tout un jeu de l'ouvert et de fermé, Farzat lutte avec sa toile et le sens qu'il cherche lui échappe dans des diagonales que des cercles cherchent, à leur tour, et j'allais dire, désespérément, à retenir. C'est un être vivant qui pense à la mort.

Dans les dessins, de format moyen et de petit format, le combat est déjà à son terme. Les oeuvres sont plus claires, l'écriture du pinceau chargé de gouache ou d'encre de chine exprime l'impatience de la vitalité devant la réflexion. Tout un passé arabe de calligraphie essaye de se frayer un chemin au grand jour. Deux mondes visuels tentent alors de s'équilibrer, deux tentations aussi : celle de la douleur et celle du besoin de peindre.

Etel Adnan
1978

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Cercle, carré, lumière…..

... Cercle, retour sur soi d'une vivante trace, révolution parfaite de l'astre au-dessus de nos nuits, puissance d'initiation pour qui la terre n'est plus seulement matière, acte d'inspiration pour qui le ciel est déjà symbole...
... Carré, demeure du regard dans l'espace, temple de l'espace pour le regard, quadrature pour les architectes du monde, célébration pour les bâtisseurs d'essentiel...
... Cercle, figure du carré pour exprimer toutes nos transmutations, le couronnement de nos actes, l'élévation de nos élans, la naissance d'une simplicité primordiale...
... Carré, reflet du cercle pour célébrer le devenir matière, l'infini dans les choses, la perfection dans le fini...
... Cercle, figure du carré pour dire la fin du heurt sur la terre grave et souffrante, le pur mouvement qui tourne de lui-même dans l'enfance, l'affirmation et l'aurore...
... Carré, reflet du cercle pour dire la fin même et le début des dieux parmi nous, l'autre qui vient afin qu'en moi demeure le chant de sa venue...
... L'un sans l'autre, l'un hors de l'autre, l'immuable se fige et la terre est déserte, tout devient labyrinthe d'astres morts et de temples en ruine, la solitude erre en tyran sur le monde et toute figure en est l'ombre...
... L'un dans l'autre, l'un par l'autre, le lien se défait, le mur se brise, la chaîne se rompt, par la clôture s'évanouit la clôture, par la limite la limite est dépassée...
... Carré brisé de la coupe ouverte comme un corps offert à l'aurore...
... Cercle brisé de l'ellipse exultant comme un hymne à l'univers...
... Jeu de la lumière, que la couleur capte et transmute...
... Jeu de la couleur, que la lumière habite et révèle...
... Art du verbe, genèse d'un monde, don de soi à l'autre...
... Verbe de l'art, génie d'un monde, retrait de soi par l'autre...
... Fête de contraires, pour fêter le primordial...

Bertrand Vegely
1979

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Sakher Farzat ouvre l’oeil du coeur

Le dialogue entre les arts n'est pas aisé, tant s'en faut. Cela provient parfois des artistes jaloux de l'autonomie de leur territoire ou succombant à une sorte d'hégémonisme dans leur rapport aux autres domaines de l'expression artistique.

Cela tient par ailleurs à la nature même du langage de tel art et au risque de dilution qu'il encourt quand il s'associe à un autre. C’est ainsi que le rêve d'un art total et les tentatives de sa réalisation n'ont pas toujours été heureux.

On peut constater toutefois que le dialogue entre poésie et peinture s'est souvent effectué dans l'harmonie. Les exemples abondent d'une réelle attirance entre ces deux arts qui a permis à des peintres d'accompagner à leur manière des poètes dans leur quête et vice versa. Il y a là comme un désir de partage oů chaque partenaire part à la reconnaissance de l'autre en un acte d'offrande à la fois tumultueux et serein. Et ce ne sont pas les amoureux de la peinture et de la poésie qui s'en plaindront.

Sakher Farzat nous invite dans son exposition à partager la même reconnaissance et le même plaisir. Il a choisi les poètes qu'il aime. Certains sont grand, comme on dit. D'autres sont presque anonymes. Ils appartiennent à des époques et à des cultures différentes. Mais ils travaillent tous et toutes avec une langue secrète commune, celle qui permet à la poésie d'être ce coeur battant du monde, ce souffle cosmique d'une parole rebelle, ne taisant rien de la bêtise et de l'horreur, cette caresse incessante faisant rayonner la beauté. Farzat se fait sourcier, jardinier et magicien pour opérer ces émergences. Je sais pour l'avoir observé comment il travaille. Il écoute et scrute longuement, puis il s'éloigne de la toile et se met à piaffer comme un minotaure gagné par la tendresse. Et quand il s'avance, il est l'officiant et l'exécutant. Les traits sortent da sa main électrisée. Il suffoque intérieurement au moment de l'étreinte. La toile vibre et ne s'arrête plus. Elle prend le chemin de l'infini et fait reculer le désert de l'indicible. Il y a fièvre et transe. Rencontre et séparation. Mort et amour. Arc-en-ciel dans la nuit. Il y a joie triste d'exil et de liberté. Il y a Damas et Paris. Parfois Jérusalem.

Et puis il y a dans ces toiles parlantes un ingrédient rare de lumière que seul "l'oeil du coeur" peut capter et transmettre. Alors, regardez donc ceci avec l'oeil du coeur.

Abdellatif Laâbi
Septembre 1992

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Sakher Farzat

Abd el-Rahman Sakhr Farzat est né à Banias, petite ville côtière, en 1943. A ses débuts, il porta une bonne part des interrogations picturales du peintre pionnier syrien Nazem al-Ja'fari, dont il fréquenta l'atelier de 1960 à 1963. En 1965, il fut un des membres de la première génération diplômée de la faculté des Beaux-Arts de Damas.

La base académique solide que l'artiste acquit dans la faculté et dans l'atelier d'al-Ja'fari se reflétait dans ses premières tentatives réalistes. Dans cette période, que l'artiste appelle une période ta'limiyya, éducatrice, Farzat découvrit Cézanne, puis le courant cubiste, courant qui allait changer son style. Il lui révéla surtout l'importance de la construction du tableau.

Cependant, les recherches de Farzat penchaient vers l'abstraction en bénéficiant des anciens motifs régionaux. Ses nouvelles compositions se basaient essentiellement sur les formes géométriques : le carré, le cercle et le triangle. En 1972, Farzat connut dans sa première exposition personnelle à Damas un succès inhabituel. Un succès qui se répètera dans les deux années suivantes.

Après un bref séjour au Brésil, entre 1975 et 1976, Farzat arriva à Paris en 1977, oů il est installé depuis. L'évolution du style de Farzat dans cette période se révèle dans le " cassage " des motifs géométriques. L'exposition qui eut lieu à Paris en 1983, porta le résultat de ses nouvelles tentatives, que l'on peut classer dans le courant abstrait lyrique.

A la fin des années 1990, il est compté parmi les 300 meilleurs artistes vivant et travaillant en France et fut choisi par l'ONU, pour représenter la Syrie dans l'exposition " Liberté 98 ", à l'occasion de 50ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui eut lieu à Genève et New York en 1998. Farzat travailla, d'ailleurs, pour le théâtre deux projets: " Arabesque " en 1995 et " Eau et Cendre " en 2000.

La critique d'art en Syrie désigne Farzat comme le meilleur peintre syrien abstrait.

Boutros al-Mari
Paris le 10 décembre 2004

Réf/http://www.lasyrie.fr/

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Sakher Farzat
Artsite peintre (1943 - 2007)
Exposition :
3 - 31 mars, 2011
Vernissage :
3 mars 2011 à partir de 18h00
Diaporama du Vernissage
Ouverture :
lundi à vendredi : 14h00-19h00
Adresse :
Europia,
15, av de Ségur, 75007 Paris
T. +331 45512607 / F; +331 45512632 / info@europia.org