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INSTABILITÉS MORTELLES

Depuis le 15 Mars 2011, Mohammad Omran s’est emparé de la Révolution Syrienne. Sculpteur, il a choisi le dessin pour transcender et métamorphoser le sujet en symbole. C’est dans la blancheur de la Galerie Europia qu’il présente, aujourd’hui, son ensemble d’œuvres en noir et blanc.

Mohammad Omran dessine à l’encre et au feutre ; il se sert de la force si particulière du noir qui exprime, ici, l’ironie et la violence. Le noir comme la part d’ombre obligée. Le contraste du noir et du blanc a le pouvoir de donner intensité et présence.

Le trait s’emmêle, l’artiste entre en résistance, et dans une pirouette, il plaque son humour sur la gravité, comme dans Joyeux Noël, martyrs ou Lamentations funèbres. Il murmure : « Mes martyrs ont un demi-sourire, ils sont comme apaisés. Ici, je rends un hommage au corps, leurs bras sont écartés comme pour s’envoler ».

Sur le papier, une foison de créatures se superposent, prolifèrent et se croisent en tous sens — Les piliers indispensables, l’agent de renseignement, l’intellectuel pro régime, le religieux et l’homme de fer.

Face aux crimes odieux commis par les Chabihas et autres Moukhabarats, qui ont pourtant le même corps, le même pays, le même sang syrien que lui, la  colère de Mohammad Omran s’engouffre dans une écriture très rapide et dans la nervosité du trait.

Il ne s’agit pas de caricatures, qu’il laisse au talent d’Ali Farzat par exemple, mais bien de dessins. Il affirme : « Certes, je me moque d’un régime totalitaire, mais ce n’est pas le commentaire d’un événement ponctuel, c’est avant tout un dessin » avec ses exigences plastiques.

Mohammad Omran, en connivence avec Maher Al-Baroudi, un des plus grands sculpteurs syriens actuels, fait surgir le monstre assoupi en chacun de nous. La limite entre l’animal et l’être humain n’existe plus.

La tête d’Hafez al-Assad avec son grand front inspire l’artiste. La démesure devient  alors symbole du dictateur, au-delà du personnage lui-même. Il confie : « Le dessiner me permet de me nettoyer la mémoire. J’ai grandi avec le père, dans une société fermée où on ne parlait pas, on vivait avec la peur sous-jacente d’être entendu », l’oreille, souvent représentée, en est le signe. Les bras multiples dans Martyr aux 4 bras ou dans Chair, Char, Canon servent à construire la composition.

Le sexe de l’homme, commun à beaucoup de dessins est un élément de force. « En l’exhibant, j’exhibe la dictature. C’est sans doute lié à notre société patriarcale où le fils n’est que le fils, c’est le père qui l’a enfanté » explique-t-il.

Les titres, attachés à des évènements actuels en Syrie,soulignent une complicité des syriens autour d’une Histoire commune. Beaucoup de ses dessins sont déjà parus sur facebook et dans des journaux clandestins.

Nous retrouvons dans l’ensemble de ces dessins, les thèmes de prédilection de Mohammad Omran, le corps et l’ironie. Homme et femme à la fois, les personnages sont comme des marionnettes et des jouets posés sur un chariot, poussés ou tirés au gré de dictateurs abrités derrière leur lunettes noires.                     

Annick Chantrel Leluc

 

 

Mohamad Omran Exposition :
20 septembre - 28 octobre, 2012
Vernissage :
20 septembre 2012 à partir de 18h30
Ouverture :
lundi à vendredi : 14h00-19h00
Europia, 15, av de Ségur, 75007 Paris
T. +331 45512607 / F; +331 45512632 / info@europia.org